lundi 1 décembre 2008

Le syndrome de l'Autoroute




Les lumières étaient tamisées, la musique était au "volume juste", celui qui empêche l'éthanol de vous endormir mais qui permet de parler sans trop crier.

La veille, on avait bien enquillé. Et pourtant, on remettait encore ça, toujours au nom de la sacro sainte Soirée Etudiante.

C'est en voyant les cadavres de la veilles, deux Poliakov qui gisaient, que je me suis fait cette réflexion : " Mais pourquoi on poursuit le massacre ? "

La réponse est tombée d'un coup, telle un couperet : rien ne nous n'empêche de le faire, mais rien ne nous n'empêche aussi de nous arrêter.

C'était ça l'effet pervers de toutes ces stratégies de guerre que j'avais intuitivement déployées : à force de tout faire pour atténuer les blessures physiques de l'éthanol, on se remettait très facilement d'une biture, presque trop. On trompait notre corps quand il disait Stop, on feintait le système.

Au final, c'était un peu comme l'autoroute : si il y a bel et bien une vitesse maximale limitée qui empêche théoriquement les excès, il y a aussi une vitesse minimale qui, elle, interdit tout arrêt. Ou plutôt, qui force à continuer à rouler, pas au plus vite, mais à une certaine vitesse quand même.

Ces stratégies qui me permettaient de garder une vitesse de croisière optimale en soirée, les voici :
  • la première est celle qui a changé à tout jamais mes lendemains de soirée : l'eau. Avant de me coucher, je buvais au minimum un litre d'eau. J'évitais ainsi la déshydration nocturne, responsable de la gueule de bois. Le lendemain, à part un peu de fatigue et un gros apétit, j'étais reparti pour une autre bataille.
  • never drink orange juice, never. Arrêter la vodka orange me protégeais de la Malédiction de l'Orange Matinale. A savoir : "bois de la vodka orange le soir, et le lendemain matin ton jus d'orange aura le goût de l'éthanol". Votre cerveau garde tellement un mauvais souvenir de la dose d'éthanol que vous lui avait infligé, qu'il prévient à outrance votre corps de la moindre substance avalée ayant un goût semblable au breuvage de la veille.
  • lemon is your friend. Le Pulco a cette étonnante propriété de régénérer le foie, de boire de l'eau sans sensation d'être une outre sur le point d'éclater et surtout de faire passer n'importe quel liquide infect (vodka ricard en tête). Un verre de Pulco après un godet qui passe mal et hop, magie, plus aucun mauvais goût dans la bouche. Forcément, ça pousse à l'excès.
  • un Ricard bien dosé est un Ricard qui fait tout passer. En début de soirée, on m'avait servi de force un bon tier de pastis pour deux tiers d'eau. Après, votre bouche est tellement saturée d'anis qu'elle ne reconnaît et ne sent plus rien, même deux vodka Kas dosées moitié-moitié qui passent après. Vous avez juste l'impression de boire un liquide vaguement sucré.
  • Une nausée ? Inspirez-vous de la pub Poliakov, sucez des glaçons. A ce propos, une vodka placée au congélateur se boit comme du petit lait après.
Et voilà comment je suis passé à travers les mailles du filet des effets ravageurs de l'éthanol. Forcément, je savais à peu près quoi faire pour les limiter. C'est une grave erreur, car la dépendance psychologique s'installe avec encore plus de facilité, comme si vous lui avez donné les clés de chez vous, après avoir passé l'aspirateur bien sûr.

Détruisez les barrières que votre corps met en place contre l'éthanol, et vous lui faciliterez le travail, elle s'étendra de manière encore plus insidieuse.




Aucun commentaire: